Des nouilles en dessert - commentaires personnels

Quelle idée d’aller bricoler tout seul là-haut ?

Bonne question. Eh bien c’est en quelque sorte un petit défi personnel que je me suis lancé, encouragé par une période de célibat temporaire de 2 mois dont en fait je n’ai pas profité du tout pour des raisons de travaux de peinture et une météo capricieuse.

Quelques anecdotes à raconter, non ?

Ah oui quelques unes puisque j’ai été gâté de ce côté là. La première surprise est arrivée au deuxième jour d’ouverture :( Pour ne pas avoir à remonter l’intégralité du matériel, j’avais peu de temps auparavant entassé dans un creux de rocher mes cordes et divers matériels, le tout empaqueté soigneusement et recouvert de grosses pierres. J’étais donc totalement confiant dans la manip et tout content de remonter avec un sac léger. A peine avais-je enlevé des pierres que je constatais des trous dans le sac ! En le vidant, désastre total : ma corde d’attache quasi neuve est complètement rongée en une trentaine d’endroits. GREUUUUUU !!! Putain de bestioles ! D’où le nom de la voie. Mais aussi quelle idée de boucher la sortie d’un terrier ! Je vous le demande. Faut être bien c... ! Bien fait pour ma pomme. Mais alors que faire ? Aller chercher une nouvelle corde ? La journée serait foutue. Alors j’ai pris la décision d’utiliser le bout de corde le plus long encore intact ( moins de 20m) et d’ouvrir du bas avec ça. La journée a été un peu plus longue que prévue suite aux nombreux allers-retours pour refixer une corde statique et décaler le point d’attache !

Le jour suivant, comme je n’avais pas d’autre corde de 50m de disponible, j’en ai utilisé une de 35m pour ouvrir L3, donc encore un peu de manip mais sans commune mesure avec la première fois. Mais c’est quand on est un peu perturbé que l’aventure vient rajouter sa petite touche d’émotion ! A la fin de la longueur (qui allait plus haut à l’origine), je repère un bon replat dans le dièdre qui pourrait faire un relais confortable mais, quand je regarde la corde qui me reste, j’ai franchement un doute sur la longueur. Ne voulant pas me mettre volontairement en difficulté, je redescend décaler d’un point ma corde d’assurance et remonte rapidement m’encorder au point le plus haut. Je grimpe dans le dièdre et hésite à poser un point après 3-4m, la suite (3-4m aussi) a l’air facile bien qu’un peu brisée et terreuse. Tant pis, je monte et je verrai bien s’il faut le mettre après. Rétabli sur la marche, je repère le meilleur endroit pour les goujons. Ok, super, il n’y a plus qu’à les mettre ! Et c’est là qu’un petit moment de vraie solitude a commencé quand j’ai vu que j’avais laissé au dernier point le perfo avec sa cordelette pour le tirer ! Chichi, là tu as tout faux ! La descente en marche arrière de cette section étant la dernière chose à tenter, j’ai cherché une autre solution. Heureusement pour moi, la nature avait bien fait les choses, j’avais le bon piton pour la seule fissure disponible ! Un grand OUF de soulagement, l’erreur se transformait en avertissement.

Une dernière anecdote concerne le dernier jour d’ouverture. J’avais stocké précédemment à la sortie de la voie une partie du matériel dans un grand sac avec une corde attachée dessus, suspendu dans le vide pour ne pas tenter les bestioles (j’ai retenu la leçon !). Avec un beau soleil, pour une fois, j’arrive donc au sommet ce jour là et oh surprise, la corde a disparu. Alors là, on se demande vraiment dans quel monde on vit ! Pas question d’accuser les bestioles cette fois, mais le ou les bêtes à 2 pieds qui sont passés par là. Bilan, j’équiperai cette dernière longueur en auto-assurance sur ma corde fixée en haut. Tant pis pour l’ego.

Pour info, les quatre premières longueurs ont été ouvertes du bas et nettoyées à fond ensuite. En constatant qu’en beaucoup d’endroits, des prises apparaissaient au fur et à mesure du grattage et du jardinage, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison pour que tout le monde s’amuse après et pas moi en ouvrant. J’ai donc décidé, surtout pour L5 et L6 de faire passer le nettoyage avant et de me faire plaisir ensuite au détriment de l’aspect découverte.

Alors la voie est super, le rocher est bon ?

Ne comptez pas sur moi pour me mettre une note, mais je peux au moins dire que j’ai essayé d’obtenir au final un parcours dans lequel un grimpeur maitrisant bien le 6b peut se faire plaisir. Si j’avais été consulté à la création de la montagne, j’aurai bien sûr coché la case « rocher exceptionnel », mais désolé, je n’étais pas là. Vous trouverez donc quelques (2) passages très limités en rocher pas fameux (très assainis) mais aussi de très belles sections, avec des dalles grises à trous et fissures et des passages sur rocher très sculpté (et fragile). L’équipement est adapté à la qualité du rocher mais quand il y a de bonnes prises les points s’éloignent. La difficulté arrive progressivement dans cette voie :

• L1, une belle dalle couchée avec même des cannelures à la fin. Si, si.

• L2, une remontée d’une grosse écaille/pilier pas très sûr (bien que stabilisé), une petite traversée et une belle section compacte ensuite, bien équipée.

• L3, longueur assez soutenue en dalle à fissure/trous qui grimpe entre les points

• L4, passage découvert après coup, belles sections d’escalade en dalle.

• L5, 6a+ sur les points, un peu moins si on s’écarte, avec sur la 2e moitié, de jolies sculptures de rocher à choisir et qu’il vaut mieux solliciter délicatement.

• L6, un court passage en mauvais rocher au milieu mais le reste le fait oublier ; vers la fin, il vaut mieux bien regarder où passer avant de se lancer. Et pour l’accès au surplomb final, ne comptez pas sur moi pour vous dire la méthode, ça fait partie du jeu (joker=A0).

• L7, superbe mais courte envolée dans du beau rocher avec un petit pas en final pour pimenter tout ça.

• L8, belle traversée pour ne pas rejoindre « Tape qu’une fois » et donner l’occasion de grimper de jolis passages dans du rocher gris.

• L9, encore du super rocher !

Remerciements à Vicente Castro qui m’a accompagné lors du 1er repérage et à Jacques Onterail pour la corde de remplacement